ACV : Comprendre le cycle de vie d’un support imprimé

Éco-conception, Graphisme

L’écoconception graphique prend une place grandissante dans la communication visuelle imprimé. Parmi les outils majeurs pour en évaluer les impacts environnementaux, il y a l’analyse du cycle de vie, ou l’ACV. Appliquée à un produit imprimé, l’ACV permet de suivre toutes les étapes de la vie du produit : de l’extraction des matières premières à sa fin de vie, en passant par la production, la distribution, l’utilisation et la valorisation.

Mais attention : certains choix de finition ou façonnage, comme le pelliculage, modifient considérablement le bilan environnemental. Ce traitement à base de plastique, souvent pointé du doigt, n’est pourtant pas toujours un mauvais choix, tout dépend de l’objectif et de la durée de vie du support. À travers cet article, découvrons ensemble les impacts environnementaux d’un support imprimé, les étapes-clés de son ACV, et comment bien décider en conscience.


Définition et objectifs de l’ACV

L’ACV en quelques mots

L’analyse du cycle de vie est une méthode d’évaluation environnementale normalisée par la norme ISO 14040. Elle vise à quantifier les flux de matières et d’énergie associés à un système de produit, à chaque étape de son existence. Cette démarche permet d’identifier les effets environnementaux (sur le climat, l’eau, l’air, les ressources…) et de prendre des décisions éclairées.

L’objectif principal est de réduire les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service en s’appuyant sur des données. Pour un support imprimé, cela implique de faire des choix cohérents : type de papier, encres, traitements de finition, transport, recyclabilité, durée de vie

Les étapes clés de l’ACV d’un support imprimé

1. Extraction et transformation des matières premières

Cette phase inclut la culture des arbres, la fabrication de la pâte à papier, l’extraction de pigments pour les encres, etc. C’est une phase gourmande en énergie, en eau et en matières.

2. Production et fabrication

Comprend l’impression elle-même, le choix du papier, des encres, et des finitions comme le pelliculage, le vernis ou le gaufrage. Chaque option de matière et de procédé influence directement le bilan carbone.

3. Transport et distribution

Le transport des produits finis vers les points de distribution ou d’utilisation représente une part non négligeable des émissions de CO2. Il faut aussi considérer les flux logistiques en amont (matières premières).

4. Utilisation

Ici, l’ACV prend en compte la durée de vie du produit. Un support à usage unique ou à durée de vie courte aura un impact très différent d’un support durable ou réutilisable.

5. Fin de vie

Recyclage, incinération, mise en décharge : chaque fin de vie entraîne des impacts différents. Le pelliculage complexifie le recyclage car il ajoute une couche plastique difficile à séparer du papier.

Le pelliculage : une option à double tranchant

Qu’est-ce que le pelliculage ?

C’est un traitement de surface appliqué sur un support imprimé, souvent en polypropylène ou en PET, pour lui conférer un aspect brillant, mat, ou soft-touch, mais aussi une protection contre l’humidité, les rayures ou les salissures.

Pourquoi le pelliculage est critiqué ? Parce qu’il complique voire empêche le recyclage. Il ajoute du plastique au papier, rendant le tri et la valorisation plus difficiles. Il augmente aussi l’empreinte carbone globale du support.

Quand le pelliculage est-il justifié ? Il peut prolonger significativement la durée de vie d’un produit. Un livre pour enfant, une plaquette commerciale de longue durée, un menu de restaurant manipulé quotidiennement : dans ces cas, il limite l’usure, les tâches, les déchirures. En fin de compte, cela peut être un bon choix environnemental, car il évite des réimpressions fréquentes.

ACV et performance environnementale : évaluer pour mieux concevoir

Parmi les outils les plus courants pour réaliser une ACV, on trouve :

Ces logiciels utilisent des bases de données internationales comme Ecoinvent pour réaliser des inventaires de cycle de vie.

Catégories d’impacts mesurées :

  • Changement climatique (effet de serre, émissions de CO2 équivalent)
  • Consommation d’eau
  • Épuisement des ressources
  • Pollution de l’air et de l’eau

Chaque impact est exprimé par un indicateur environnemental (kg CO2e, m3 d’eau, MJ d’énergie, etc.).

L’ACV permet de comparer différents scénarios de production ou de choix de conception. Elle offre une vision globale des conséquences environnementales à chaque phase du cycle de vie.

ACV appliquée aux supports imprimés : cas pratiques

Exemple 1 : flyer pelliculé vs. flyer non pelliculé

Un flyer distribué 2 jours dans un salon. S’il est pelliculé, il ne sera pas recyclable et utilisera du plastique pour une durée de vie très courte. L’ACV montre que cette décision augmente le poids carbone sans bénéfice durable.

Exemple 2 : livre enfant pelliculé vs. non pelliculé

Un livre réutilisé par 3 enfants sur 10 ans. Le pelliculage lui donne une longévité exceptionnelle, et le rend facilement nettoyable. L’étude ACV montre un meilleur ratio entre durabilité et empreinte environnementale.

Exemple 3 : packaging produit

L’option entre un emballage cartonné simple ou pelliculé influencera le système de recyclage. Une bonne définition des fonctions du produit (protection, esthétique, information) est essentielle pour justifier le traitement.

ACV : des outils pour guider les professionnels de la création graphique

L’ACV n’est pas une fin en soi, mais un outil d’aide à la décision. Elle guide les graphistes, imprimeurs, agences et clients dans des choix plus responsables.

Intégrer la notion d’impact dès la conception d’un produit imprimé permet une approche plus réfléchie. Former les professionnels de la création graphique à ces enjeux est crucial.

L’analyse du cycle de vie d’un support imprimé permet de mettre en lumière les vrais leviers d’action pour réduire les dommages environnementaux. Si le pelliculage peut être controversé, il n’est pas systématiquement à proscrire : tout dépend du contexte d’usage, de la durée de vie du support, et de la fonction à remplir. L’important, c’est d’évaluer, comparer, et choisir en connaissance de cause.

En adoptant une véritable approche ACV, tu prends des décisions éclairés pour ton projet graphique, tout en agissant concrètement pour l’écologie.

Et si tu veux aller plus loin, tu peux te former à l’écoconception graphique avec ma formation Graphic for Good.

À très vite !
Lucile

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